Les Automnales 2019: l'apothéose de la saison!

Les Automnales 2019: l'apothéose de la saison!



 Comme chaque année, danses et musique étaient au programme de nos Automnales. Le thème: Jacques Du Broeucq.

Antenne Centre nous a gratifié d'un reportage, diffusé le mercredi 2 octobre au journal télévisé (nous remercions Antenne Centre de nous avoir permis de diffuser sur notre blog la séquence ci-dessous)




Quelques vues de notre spectacle:



Jacques du Broeucq

 Réception à l'Hôtel de ville




Charles Quint en personne!




 A la collégiale Saint ursmer

















Le Château de Mariemont
 Le château de Binche, reconstitution 3d (Office du Tourisme de Binche)

Binche au XVIème siècle, reconstitution 3d (Office du Tourisme de Binche) 

Les textes
 
Jacques Dubroeucq

Moi, Jacques Dubroeucq, je naquis au début du seizième siècle Vers 1505, disent les historiens. Mais qu'en savent-ils? Pas plus d'ailleurs qu'ils ne savent où je suis né. A Mons ou à Saint Omer? De ma jeunesse, rien. Mais au fond, quel intérêt?

Dans ma jeunesse, je voyageai en Italie, dans la suite de Jean de Hennin-Liétard, seigneur de Boussu et premier écuyer de Charles Quint. J'étais de ces innombrables artistes des régions du Nord qui allèrent étudier en Italie le dessin selon l'antique et qui, pétris de renaissance italienne, s'en revinrent aux "pays excellents" pour développer leur art. J'étais un de ces "flamminghi" romanisés, disait-on. On en retrouvera l'influence dans mes oeuvres sculpurales et architecturales.

Je pense me souvenir d'être revenu au pays vers 1535. C'est alors que le chapitre de Saint Waudru à Mons m'a appelé et m'a confié la décoration de la collégiale Saint Waudru, et notamment la réalisation d'un important jubé. Sûrement une de mes oeuvres les plus remarquables. Hélas, vous ne pourrez pas en admirer les splendeurs, il a été détruit par les iconoclastes de la révolution française. Mais vous pourrez toujours admirer nombre de mes oeuvres statuaires dans cette belle collégiale.

A la même époque, je travaillais aussi sur l'imposant monument funéraire d'Eustache de Croÿ à Saint Omer, et je construisit le château de Boussu.

C'est en 1539 que je m'installai définitivement à Mons, pour le restant de mon existence. J'achetai une maison rue des Cinq Visages, et j'épousai en 1546 Jacqueline Le Roy. Nous n'eûmes pas d'enfant.Mes moyens me permettaient la vie de grand bourgeois aisé, et je pus développer mon art à son sommet.Mon atelier était à la rue Noble et j'eus de nombreux élèves qui collaborèrent à mes grands travaux.Mon influence s'étendit sur tout le Hainaut et bien au delà encore. Beaucoup de mes œuvres ont été perdues au cours des siècles. Sic transit gloria mundi.

Le destin m'a aussi réservé quelques surprises désagréables. Le départ de mes mécènes le 15 septembre 1536 fut un mauvais coup de sort; Charles Quint, Marie de Hongrie, Eléonore de France partirent définitivement en Espagne... et je ne recus plus que peu de commandes à la hauteur de mon talent. J'avais atteint un sommet avec le château de Marie de Hongrie à Binche. La huitième merveille, disait-on, rien que cela! J'en fus l'architecte et le décorateur.Je construisis aussi le château de Mariemont pour notre bonne Reine Marie. Mais, c'est une autre histoire, j'y reviendrai.

Je m'étais intéressé au protestantisme, lorsque Louis de Nassau occupa Mons. Ce qui me valut beaucoup d'ennuis à la reprise de Mons par le Duc d'Albe, envoyé par Philippe II. Je ne risquais rien de moins que la mort. Et pourtant, grâce à François 1er de Médicis, Prince de Florence, poussé par Jean de Bologne, un de mes anciens élèves, je fus relaxé en 1574 après avoir abjuré la foi protestante. C'est ainsi que pour amendement, je dûs réaliser une statue en marbre pour l'hôtel de Saint Barthélémy à la collégiale Sainte Waudru. Saint Barthélémy, c'était tout un symbole deux ans après le massacre du 24 août 1572...

Ajouterais-je aussi au nombre de mes activités, dont je viens de ne donner qu'un très faible aperçu, celles d'ingénieur, d'urbaniste, de restaurateur de monuments, d'experts en arts anciens. sans compter ma contribution à d'importants ouvrages militaires.

Une vie bien remplie, celle d'un humaniste qui se termina paisiblement le 30 septembre 1584. Je fus inhumé dans la collégiale sainte Waudru. 


 
Les Châteaux de Marie

Quelle belle renommée j'ai acquise grâce au château de Boussu, au jubé de la collégiale Saint Waudru, et à mes œuvres sculpturales! Et quand en 1545, Charles Quint donna à sa sœur Marie, reine douairière de Hongrie, la ville forte de Binche, elle en fut conquise et elle résolut d'en faire le plus agréable des lieux de séjour. C'est ma réputation d'artiste d'avant garde, en des lieux qui se limitaient encore au style gothique, qui l'amenèrent à me confier en mai de la même année la construction de deux châteaux, l'un à Binche, l'autre dans un domaine qui allait porter son nom, Mariemont, et qui serait une résidence d'été, un relais de chasse. Les deux châteaux ont été bâtis dans le même style, mais à Mariemont, je disposais d'un beaucoup plus vaste espace, qui me permit d'installer des somptueux jardins, agrémentés de terrasses, de fontaines, de splendides sculptures. Et un grand bassin orné d'un médaillon à la gloire de Cérès. Le château comportait un bâtiment à deux étages, ornés de galeries ouvertes sur le jardin autour d'une belle cour d'honneur dominée par une horloge surplombant une terrasse, le tout flanqué d'une tour carrée.Les œuvres d'art y foisonnaient. Elles étaient pour la plupart exécutées par les mêmes artistes qu'à Binche. Éléonore, sœur de marie, Reine de France, y disposait d'un appartement comme au château de Binche. Je l’avais richement orné de treize statues de Luc Lange et de fresques de Hubert Lemaire .

A Binche, Marie dût racheter des terres au chapitre de Cambrai pour édifier son château avec toute l'ampleur qu'elle souhaitait. On démolit le château fortifié de Marguerite d'York, la veuve de Charles le Téméraire, qu'on appelait à Binche l'Hôtel de la Salle, et en décembre 1545, les travaux débutèrent. On y travailla d'arrache pied, et en 1549, le château était prêt à recevoir Charles Quint, et le futur Philippe II. J'en fus le maître d’œuvre jusque dans les détails. Je surveillais les travaux, je dessinais les projets de portes, cheminées, lambris et autres décorations. Je réalisai les sculptures des jardins. Je fus aidé par les meilleurs artistes et artisans de mon temps. Le maître charpentier et le maître maçon furent ceux de la cathédrale d'Anvers. Je fis venir les plus talentueux ébénistes, doreurs, peintres, sculpteurs...

Le corps central, la salle des fêtes donnait accès à la chapelle et aux appartements réservés à l'Empereur, à Philippe, à Marie et à Éléonore. Leurs suites logeaient dans les chambres à l'étage des deux ailes. Cuisines, pâtisserie, buanderie, hangar, écuries, forges constituaient la partie domestique du château. Au centre du jardin, une fontaine en marbre rouge, et au petit jardin, un pavillon à huit colonnes et deux statues de Luc Lange, le Nil et Cléopâtre. Les admirateurs le qualifiaient de huitième merveille, et je n'en étais pas peu fier...

Mais le désastre guettait, et en 1554, Henri II, roi de France, dans sa folie vengeresse, fit ravager les deux châteaux. Marie de Hongrie me rappela pour les restaurer, et les travaux nécessaires furent entrepris. Mais quand Marie de Hongrie retourna définitivement en Espagne, avec Éléonore, les deux châteaux furent abandonnés, et ils se détériorèrent au fil des ans. Et en 1704, le château de Binche fut démoli et les matériaux furent récupérés pour la construction d'un hôpital.

Mariemont connut un sort un peu plus enviable. Au XVII ème siècle, les Archiducs Albert et Isabelle lui rendirent son faste. En 1668, il fut pris de force par Louis XIV, qui en fit une demeure royale. Et puis, hélas, Charles de Lorraine fit raser le château pour en construire un autre, lui-même emporté par la folie révolutionnaire, pillé, incendié, détruit.

Plus tard le domaine fut racheté par la famille Warocqué, mais cela est une autre histoire...






Et l'année prochaine?



Textes Bernard Rivir  
Photos Claude Guyot

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